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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/113

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MADEMOISELLE GIRAUD

sortir ; je prétextai des affaires les jours où elle semblait désirer assister à un concert ou à un spectacle. Je ne la conduisis plus dans le monde ; je fermai ma porte aux visiteurs. Je restreignis les dépenses de la maison.

Enfin, que voulez-vous, je ne savais qu’imaginer ! Après avoir essayé inutilement de la gagner par la douceur, j’essayai de la prendre par la famine.

Paule, je dois lui rendre cette justice, ne se plaignit pas de mes procédés à son égard ; jamais il ne lui échappa un reproche, une observation. Elle paraissait s’être fait un devoir d’être aussi soumise, à certains moments, qu’elle l’était peu dans d’autres. Elle avait sans doute conscience de ses torts envers moi, et elle prétendait les expier par l’égalité de son humeur et les charmes d’un esprit toujours enjoué, toujours aimable.

La jalousie même n’eut aucune prise sur cette implacable sérénité. Oui, la jalousie ! car, en désespoir de cause, j’essayai de rendre Paule jalouse.

C’était de le folie, me direz-vous ; je suis entièrement de votre avis. Marié, je pris une maîtresse, une maîtresse en titre, moi qui, lorsque j’étais garçon, n’avais eu que des liaisons (si l’on peut appeler cela des liaisons) des plus passagères et des plus mystérieuses. Je souffris qu’une