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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/114

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MA FEMME

courtisane en renom, connue de tout Paris, m’affichât ; je le lui demandai même comme une faveur. Je laissai traîner chez moi les lettres qu’elle m’écrivait ; je lui envoyai porter mes réponses par un domestique. Je payai, un jour, à table, devant Paule, une note de six mille francs pour des boucles d’oreilles en brillants que j’avais certes, le matin, à Mlle X… Enfin, mon cher ami, je découchai, oui, je découchai.

Vous me direz à cela que ma femme ne pouvait pas beaucoup s’en apercevoir. Je vous demande pardon : je rentrai si tard, le matin et avec tant de fracas, que toute ma maison fut au courant de mon immoralité. Je devenais cynique, moi !

Vous pensez peut-être qu’à partir du jour où je brisai les vitres, Paule crut devoir, au moins pour la forme, me témoigner son mécontentement. Vous vous tromperiez : jamais elle ne fut aussi aimable, aussi empressée à me plaire.

Et, plus elle m’accablait de son indifférence et de sa mansuétude, plus j’enrageais, plus je faisais d’efforts pour la chagriner, l’émouvoir, la tirer de son apathie. Enfin, je crus avoir trouvé un moyen de lui être désagréable et de l’obliger peut-être à me demander

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