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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/124

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MA FEMME

droite à gauche et de gauche à droite. C’était voluptueux au possible.

Tout à coup une idée folle me passa par la tête.

« Si je la suivais, me dis-je, je la verrais plus longtemps. »

Je vous jure, mon cher ami, que je n’obéissais, en ce moment, je le crois du moins, à aucun sentiment de jalousie : j’étais charmé, je désirais rester sous le charme, voilà tout. J’oubliais que Paule était ma femme ; rien de plus facile à oublier, du reste.

Je descendis précipitamment mon étage. J’étais bien sûr de la retrouver ; la rue Caumartin est longue, elle est droite et on y rencontre fort peu de rues transversales.

Je n’avais pas fait vingt pas dans la direction des boulevards que j’aperçus au loin devant moi, sur le même trottoir, mes petits pieds, mon bas de jambe, mes cheveux, ma nuque, mes épaules et mon dos. Tout cela continuait à onduler, je suivis les ondulations.

Arrivée à l’extrémité de la rue Caumartin, avant de traverser la rue Basse-du-Rempart, Paule sembla se consulter. Allait-elle se diriger du côté de la Madeleine ou de la Bastille ? Tout à coup, avant de se décider, et