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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/125

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MADEMOISELLE GIRAUD


comme si elle obéissait à quelque recommandation, elle se retourna et regarda derrière elle.

Je n’eus que le temps de me jeter sous une porte cochère ; elle ne me vit pas.

Rassurée sans doute, elle prit le boulevard et marcha vers la Madeleine.

Mais sa marche incertaine, son geste, son coup d’œil en arrière, l’espèce d’inquiétude qu’elle avait paru un instant éprouver, me donnèrent à réfléchir.

« A-t-elle donc peur d’être suivie ? » me demandai-je.

J’allais devenir jaloux ; il ne me manquait plus que cela. Peut-être vous étonnez-vous, mon cher ami, que je ne l’aie pas encore été. Vous auriez tort ; je ne pouvais pas l’être. L’existence de Paule, depuis notre mariage, avait été des plus régulières et des moins accidentées : elle faisait peu de visites, en recevait rarement et ne sortait, je l'ai dit, que pour se rendre chez sa mère ou chez son amie.

A une demi-heure près j’avais toujours connu l’emploi de son temps. Comment, dans ces conditions, soupçonner une femme d’infidélité, éprouver de la jalousie ? Lorsque je cherchais pour quel motif elle se conduisait avec moi de