Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
MA FEMME

trouvais tout à coup à deux pas d’elle, derrière quelque gros personnage taillé pour servir de muraille vivante.

Au boulevard des Italiens, je fus sur le point de la perdre. Il m’avait semblé la voir se diriger vers la rue de la Chaussée-d’Antin. Un coup d’œil rapide, lancé à droite et à gauche, me convainquit de mon erreur ; je repris le boulevard et je la rejoignis au moment où elle tournait la rue du Helder.

Ma position devenait périlleuse : la voie dans laquelle Paule s’était engagée n’est pas très-fréquentée, les trottoirs y sont étroits, les portes cochères quelquefois fermées, les magasins rares. Il est difficile de se dissimuler brusquement ; la moindre imprudence pouvait me trahir. Je n’en commis aucune, grâce aux qualités policières qui s’étaient tout à coup développées chez moi, et qui auraient été certainement très-appréciées rue de Jérusalem. Au lieu de suivre ma femme à quelques pas de distance, comme je l’avais fait jusque-là, je me contentai de la suivre des yeux, et je repris ma course seulement lorsqu’elle eut atteint la rue Taitbout. Alors je pus, sans danger, m’embusquer de nouveau dans son ombre.

Décidément où allions-nous, quand nous arrêterions-nous ? Depuis un instant, certains indices me laissaient