Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
MADEMOISELLE GIRAUD

auraient été tentées de la suivre, et elle allait sortir par un des bas-côtés.

Pourquoi me précipitai-je plutôt vers le côté droit que vers le côté gauche ? Je l’ignore, mais je n’eus qu’à me féliciter de mon choix. J’étais à peine caché derrière une des petites baraques destinées aux marchandes de fleurs, que j’aperçus ma femme. Elle n’avait pris que le temps de traverser l’église, comme on traverse une place publique. Et, moi qui la soupçonnais, un instant auparavant, d’être dévote !

Il n’y avait plus à se faire d’illusion : elle allait à un rendez-vous. Seulement elle s’y rendait par un chemin détourné.

Elle reprit sa course, je repris la mienne, je me tenais à une trentaine de pas derrière elle, sur le qui-vive, prêt à m’évanouir comme une ombre, s’il lui arrivait de se retourner. La jalousie venait de faire de moi un agent de police des plus experts.

Elle suivait maintenant le boulevard des Capucines et marchait avec assez de rapidité. Par moments, j’étais pris d’une terreur folle : si tous ces promeneurs qui se croisaient en tous sens allaient la cacher à mes regards, si je la perdais ! Alors je me rapprochais, je courais, je me