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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/13

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MADEMOISELLE GIRAUD

sorte de diversion à ses pensées, et qu’il était heureux de vivre un instant de la vie de son ami, pour n’avoir pas à vivre de la sienne.

Mais Camille V… dut enfin s’arrêter, et s’adressant à celui qu’il venait de retrouver :

— À ton tour, dit-il ; parle.

— Moi! fit avec effroi Adrien de C… ; oh ! non !

— Quoi ! Je t’ai livré tous mes secrets et tu gardes les tiens !

— Ma vie ne présente aucun intérêt. Je me suis contenté de suivre la carrière à laquelle tu m’as vu me préparer.

— Et de la suivre brillamment ; je l’ai su. Mais que d’aventures pendant tout ce temps, que d’anecdotes à me dire, que d’événements grands et petits ! D’abord ne m’a-t-on pas appris dernièrement à Toulon que tu t’étais marié, il y a deux ans. Es-tu heureux, as-tu des enfants ?

Adrien de C… leva vivement la tête et regarde son ami d’une si étrange façon, que celui-ci ne put s’empêcher de s’écrier :

— Ma question n’est-elle donc pas naturelle. T’aurais-je blessé ?

Et comme Adrien de C… ne répondait pas, tout à