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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/131

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MADEMOISELLE GIRAUD


rue de la Victoire, puis je montai dans la voiture, je relevai les glaces et, les yeux fixés sur la porte cochère qui avait donné passage à Paule, j’attendis.

Deux heures s’écoulèrent. Deux heures !

Enfin elle sortit. Un voile épais couvrait son visage, un de ces voiles en laine, dits voiles anglais, à l’usage des femmes adultères. Elle s’arrêta sur le seuil de la porte, parut regarder autour d’elle, hésita à se risquer dans la rue, et, prenant tout à coup son parti, elle s’éloigna vivement dans la direction des boulevards.

Moi, je restai encore quelque temps à mon poste d’observation : peut-être allais-je voir sortir celui qu’elle venait de quitter.

Personne ne parut, ou plutôt mes soupçons ne purent se porter sur aucune des personnes que je vis sortir.

Je descendis de voiture, je renvoyai mon cocher et je revins chez moi.

Paule était déjà installée dans le salon.

— Comme vous rentrez tard ! me dit-elle.

Je fus sur le point d’éclater, je me contins.

— Est-ce que vous m’attendez depuis longtemps ? demandai-je.

— Depuis assez longtemps.