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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/154

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MA FEMME

n’était pas probable qu’on fit attendre ma femme si longtemps.

Alors, le peplum doublé de satin ponceau me revint à l’esprit. Malgré les trois portes qui me séparaient de Paule, je la vis quitter sa toilette habituelle et passer son voluptueux vêtement. Pendant cette opération, le froid l’avait gagnée, sa chair frissonnait au contact du satin ; elle s’élançait dans le boudoir capitonné de soie, elle se pelotenait près du feu, sur de moelleux coussins ; le peplum s’entr’ouvrait, la flamme du foyer réchauffait son beau corps, le caressait de ses reflets rougeâtres, l’éclairait avec amour, et lui, lui, mon rival, émerveillé, affolé, courait à elle et l’enlaçait dans ses bras.

Oui, je voyais tout cela, et il me prenait des rages insensées : je m’élançais pour briser les obstacles qui me séparaient d’eux, je voulais leur apparaître tout à coup, les surprendre au milieu de leurs transports, les frapper, les tuer !

Mais la raison me disait : « Calme-toi, sois prudent, avant que tu ne parviennes jusqu’à eux, que tu n’enfonces toutes les portes, ils auront eu le temps de se mettre sur leur garde, le bruit attirera les voisins, on te prendra pour un malfaiteur ou un fou, on t’arrêtera peut-être, et