quiéter lorsqu’un garçon de l’hôtel entra dans sa chambre, et lui remit une lettre qu’un commissionnaire venait d’apporter. Elle était d’Adrien de C… Voici ce qu’elle contenait :
« Je me suis rendu hier à cette soirée de l’avenue Friedland dans l’espérance que le bruit, le mouvement apporteraient quelque diversion à ma tristesse. Il n’en a rien été. Depuis six semaines, je lutte inutilement contre le chagrin qui m’absorbe. Paris me rappelle de trop cruels souvenirs. Je pars, je vais je ne sais où, tout droit devant moi. Que ton amitié me pardonne de ne pas te dire adieu. J’ai peur que tu ne m’interroges, que tu ne m’arraches mon secret, et je n’ai pas, en ce moment, le courage de te le dire. Mais tu le sauras un jour, mon cher camarade ; lorsque je serai plus calme, plus maître de moi, je compte écrire ma curieuse et exceptionnelle histoire. Je te l’enverrai, et si tu penses qu’il peut être utile à quelqu’un de la savoir, je t’autorise à la publier. Tu ne me nommeras pas, j’ai confiance en ta délicatesse, et personne n’aura l’idée de me reconnaître. Que m’importe, du reste ! Sais-je ce que je vais devenir !… »