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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/166

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MA FEMME

la vue d’horizons nouveaux, la nécessité où je me trouverai de m’occuper d’une foule de détails, de parler de choses indifférentes, de vivre activement, me feront peut-être quelque bien, me disais-je. En tous cas, si je ne suis pas maître de mes pensées, si je les emporte avec moi, si de cruels souvenirs me poursuivent, je sortirai, du moins matériellement, du milieu où je vis ; c’est quelque chose. »

Mes préparatifs de départ ne furent pas longs. Qui laissais-je après moi ? Une seule personne, celle qui portait mon nom, et c’était justement de celle-là que je voulais m’éloigner. Peut-être, nourrissais-je encore quelque vague espoir ? Je me disais que ce voyage la ferait réfléchir : ma présence auprès d’elle m’avait toujours donné tort ; contrairement au proverbe, l’absence me donnerait peut-être raison.

Mon valet de chambre, après avoir fait mes malles, venait de se retirer, et je mettais en ordre quelques papiers, lorsque ma femme ms rejoignit.

— C’est donc vrai, fit-elle, on ne m’avait pas trompée, vous partez en voyage ?

— Vous le voyez.

— Sans me prévenir ?