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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/169

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MADEMOISELLE GIRAUD

Je sonnai, fis emporter mes malles et demandai une voiture.

Pendant qu’on exécutait mes ordres, je demeurai seul avec elle.

Nous nous regardions sans proférer un mot ; moi, appuyé contre la bibliothèque, elle toujours debout près de la cheminée, le coude sur le marbre, la tête dans la main.

La voiture qu’on était allé chercher s’arrêta devant la porte ; je fis un pas vers Paule, et je lui dis :

— Adieu.

Elle s’avança vers moi et vint d’elle-même mettre son front à la portée de mes lèvres.

On aurait dit une sœur faisant ses adieux à son frère.

Mais je n’étais pas son frère, je l’adorais, je l'adorais toujours ! Depuis une heure qu’elle était là, dans ma chambre, près de moi, malgré ma froideur apparente, je n’avais cessé de l’admirer, je m’étais cent fois répété : « On n’est pas plus charmante, plus jolie, plus accomplie, plus désirable » et, maintenant, mes lèvres frémissaient en effleurant son front brûlant ; sur ma poitrine, je sentais par moment le frôlement de sa gorge ; de