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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/170

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MA FEMME

chaudes effluves, s’échappant de tout son être, montaient jusqu’à moi.

Je n'y tins plus. D’un bras, j’enlaçai sa taille en essayant de la courber, tandis que j’appuyais une main sur sa tête et que ma bouche descendait de son front à ses lèvres.

Ah ! si elle eût répondu à cette dernière étreinte, à cette prière désespérée, si ses lèvres se fussent entr’ouvertes pour laisser échapper un soupir, un souffle, si seulement elle eût essayé de se soustraire à mes baisers, de se défendre, de lutter ! Non, fidèle à ses principes, elle se montra, cette fois encore, ce qu’elle avait toujours été ; sa taille se courba docilement, sa tête s’inclina sous la pression de ma main, sa bouche n’essaya pas de fuir la mienne ; toute sa personne devint insensible, inanimée, inerte ; elle se galvanisa pour ainsi dire. Au lieu d’une femme, j’avais encore, j’avais toujours un cadavre dans les bras.

Alors toutes mes ardeurs s’éteignirent, et subitement glacé au contact de cette glace, je pris la fuite.