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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/176

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MA FEMME

disais ; sa lettre n’avait aucun rapport avec la mienne. Elle me donnait des nouvelles de sa santé, qui laissait à désirer, assurait-elle, depuis quelque temps. Elle me parlait de tout ce qu’elle avait fait à Paris pendant l’hiver, des pièces à la mode, des concerts et des soirées qui se préparaient. Je crois qu’elle effleura même une des questions politiques du moment. Elle daignait, en terminant, me transmettre les compliments de sa famille et m’embrasser affectueusement.

Elle avait, il faut lui rendre cette justice, rempli ses quatre pages. J’avais mon compte, je devais être satisfait et je l’aurais été, si, au lieu de jouir du triste privilège d’être son mari, le hasard s’était contenté de me faire son oncle. C’était bien la lettre qu’on écrit en pension à ses grands parents, sous la surveillance de la sous-maîtresse, et quelquefois sous sa dictée.

Décidément il était inutile, pour le moment, de retourner à Paris ; j’élus domicile à Nice.

L’hôtel que j’habitais, l’Hôtel des Princes, je crois, se trouve à une assez grande distance du centre de la ville et de la Promenade des Anglais. Mais il fait face à la mer, et on y jouit d’une vue admirable. Pour moi qui me trouvais un peu fatigué de mon rapide voyage, il avait