Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
MADEMOISELLE GIRAUD

surtout un précieux avantage : on y jouissait d’une tranquillité parfaite. Une grande dame russe, trop malade pour être bruyante, occupait le premier étage ; au second, apparaissaient, de temps à autre, quelques Anglais d’assez bonne compagnie, et je partageais le troisième, réservé sans doute à la France, avec un de mes compatriotes. C’était un homme d’une quarantaine d’années, grand, un peu maigre, à l’extérieur sympathique, aux manières distinguées.

Dès le lendemain de mon installation à l’hôtel, le hasard m’avait fait son voisin de table pendant le dîner. Nous échangeâmes d’abord quelques mots de politesse, puis nous vînmes à causer de nos voyages ; il arrivait, comme moi, d’Italie, seulement il y était resté deux années, et avant de s’y rendre, il avait parcouru l’Allemagne et une grande partie de la Russie. Sa conversation était des plus intéressantes : il avait tout vu, tout étudié, il parlait des souverains étrangers, comme s’il avait été reçu à leur cour et, un instant après, il décrivait les mœurs des paysans du Caucase en homme qui a longtemps vécu parmi eux, pour ainsi dire dans leur intimité.

À propos de mœurs, je me souviens qu’une discussion