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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/197

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MADEMOISELLE GIRAUD

Il semblait ému. Je crus qu’il allait céder à mes instances. Tout à coup il s’écria :

— Non, non, je n’ai rien à dire.

— C’est votre dernier mot ?

— Oui, c’est mon dernier mot.

— Vous avez tort, monsieur, fis-je avec fermeté.

Il releva la tête fièrement et dit :

— Pourquoi ?

— Oh ! m’écriai-je, parce que je suis dans une de ces positions où l’on n’a rien à ménager, où l’on ne ménage rien, où l’on est prêt à tout, décidé à tout.

Il me regarda d’un air plus étonné qu’irrité, et s’avançant vers moi :

— Prenez garde, fit-il, vous m’avez assuré être entré ici avec des intentions pacifiques ; depuis un instant vos paroles, votre ton sont presque menaçants.

— Je ne menace pas. Je prie avec animation, avec vivacité, un honnête homme de s’expliquer franchement avec un autre honnête homme. Par votre faute, Monsieur le comte, car cette scène n’aurait pas lieu, si vous aviez été, l’autre jour, plus maître de vous, si vous aviez pu me cacher vos impressions ; par votre faute, dis-je, je suis peut-être sur la trace d’un secret que je cherche depuis