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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/199

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MADEMOISELLE GIRAUD

— Sans doute, reprit-il en s’animant à son tour, si vous êtes malheureux, si vous ne tenez pas à la vie, n’est-ce pas à cause d’elle ? Croyez-vous que je ne vous ai pas deviné. Eh ! monsieur, si vous avez épousé Mlle Paule Giraud, moi j’ai épousé son amie. Si vous voyagez, depuis trois mois, loin de votre femme, je voyage depuis plusieurs années, loin de la mienne !

Il se tut, sembla réfléchir et reprit d’une voix plus calme :

— Votre démarche auprès de moi, la sincérité que je lis dans vos yeux, les demi-confidences qui vous sont échappées, l’aveu de vos chagrins, sont, pour moi, autant de preuves que je me trouve en face d’un galant homme. Un instant, j’ai pu douter de vous, vous saurez plus tard pourquoi, je vous en fais mes plus sincères excuses.

Je m'inclinai en silence, il continua :

— Je dois, prétendez-vous, connaître un secret qui vous intéresse. Soit ! je n’en disconviens pas. Mais ma conscience me défend de vous le livrer, si je n’y suis, en quelque sorte, provoqué par vous. Vous faisiez, tout à l’heure, allusion aux chagrins que vous éprouvez, il m’importe d’en connaître au juste la nature. Ils n’ont peut-être aucun rapport avec le secret en question, et