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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/200

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MA FEMME

alors, je le tairai, je vous en préviens ; ni vos prières, ni vos menaces, sachez-le bien, ne pourront me l’arracher. Si, au contraire, en le dévoilant, je puis apporter un soulagement à vos peines, vous donner un avertissement et un conseil, je vous engage ma parole que je m’expliquerai de la façon la plus précise. C’est donc à vous de décider, monsieur, si vous me croyez digne d’entendre vos confidences. Vos secrets en échange du mien, si toutefois, je le répète, il est utile que vous le sachiez. Voilà mon dernier mot.

La question ainsi posée, pouvais-je hésiter ? Celui qu’il s’agissait d’initier à ma vie, n’était-il pas, après tout, le mari de la meilleure amie de ma femme, de celle qui, depuis longtemps, devait être la confidente de ses plus intimes pensées ? Mlle de Blangy n’était peut-être pas seule à connaître les motifs de l’étrange conduite de Paule à mon égard ; le comte les avait sans doute aussi devinés. Avant de se séparer de sa femme, n’avait-il pas reçu chez lui et vu dans l’intimité Mlle Giraud ? Quoi d’étonnant qu’il fût au courant de particularités ignorées de moi ? Le hasard me mettait en présence de la seule personne qui pût me les faire connaître, et, retenu par une fausse honte, par une délicatesse exagérée, je me re-