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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/207

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MADEMOISELLE GIRAUD

mépris ; il ne savait que répondre, il n’avait plus de force pour punir.

Punir ! Comment l’aurait-il pu ?

« La justice, me dit-il, m’aurait évidemment refusé son concours ; le législateur n’a pas prévu certaines fautes et l’impunité leur est acquise. C’est à peine si j’aurais obtenu des tribunaux une séparation : les torts de Mme de Blangy, envers moi, étaient d’une telle nature que les juges se refusent souvent à les admettre, pour n’avoir pas à les flétrir. Du reste, quelle preuve aurais-je donnée de ces torts ; quel témoignage aurais-je invoqué ? Celui de Mlle Paule Giraud. Elle eût été trop intéressée dans le débat pour que sa parole fût prise en considération ; puis elle serait morte plutôt que de compromettre son amie. Je la connais bien, allez ! C’est une créature indomptable que ma femme seule a eu la science de dominer. Fallait-il donc agir moi-même ? Ah ! monsieur, les gens du monde, dans des cas semblables, ne disposent d’aucune ressource. La brutalité, la violence leur répugnent. Ils reculent devant le bruit qui se fera autour de leur nom ; ils craignent le ridicule. Comment ne m’aurait-il pas atteint ? J’ai vu mes compagnons de club poursuivre de leurs railleries de pauvres maris trompés dans les condi-