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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/208

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MA FEMME

tions ordinaires ; aurais-je trouvé grâce à leurs yeux, à cause de la position singulière et tout exceptionnelle où j’étais placé ? Non, ils auraient ri de moi, sans même songer à blâmer Mme de Blangy. Dans la société parisienne du dix-neuvième siècle, on se plaît, par légèreté et par amour du paradoxe, à bafouer les victimes, à innocenter les coupables. C’est ainsi que des vices de toutes sortes, certains de l’impunité, certains même d’être souvent protégés, s’infiltrent peu à peu dans nos mœurs. »

J’avoue ; mon cher ami, que j’écoutais à peine, en ce moment, les récriminations de M. de Blangy contre la société moderne. Les confidences qu’il venait de me faire m’occupaient seules.

— Enfin, m’écriai-je, dans un moment de lucidité, vous leur avez, au moins, défendu de se revoir. Vous avez essayé de les éloigner l’une de l’autre ?

— Certainement, je l’ai essayé, s’écria M. de Blangy, mais croyez-vous qu’un homme qui se respecte puisse se faire longtemps l’espion et le geôlier de sa femme. Cette surveillance de tous les instants fatigue, écœure, use, à la longue, la volonté la plus ferme, l’énergie la mieux trempée.

— Qui vous empêchait, répliquai-je, d’obliger votre