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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/211

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MADEMOISELLE GIRAUD

tons, et sans donner à ces dames le temps de se voir, de s’écrire, d’échanger un signe, nous les entraînons. Elles résisteront peut-être, eh bien ! monsieur, ne sommes-nous pas résolus à tout, n’avons-nous pas tout prévu ? Nous employons au besoin la force pour les contraindre à nous suivre, et, le lendemain de notre irruption dans nos domiciles respectifs, emportés par deux express marchant en sens contraire, nous nous trouvons à plus de deux cents lieues l’un de l’autre… Que dites-vous de ce projet ?

— Il pourrait réussir.

— N’est-ce pas ?

— Mais, reprit le comte, après un instant de réflexion, si vous êtes séparé de votre femme, mon cher monsieur, depuis quatre mois à peine, je suis séparé de la mienne depuis plus de trois ans. Le malheur qui vous frappe est tout récent, vos blessures sont encore ouvertes, les miennes se sont fermées depuis longtemps. Autrefois j’aurais accepté peut-être avec enthousiasme votre proposition ; aujourd’hui, je la refuse parce que je n’aime plus.

— Vous n’aimez plus ! m’écriai-je. Alors pourquoi persistez-vous dans votre exil volontaire, pourquoi n’êtes--