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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/210

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MA FEMME

vous auriez pu faire autrefois, mais bien de ce que vous pourriez faire aujourd’hui. Si le code ordonne à Mme de Blangy de vous suivre où il vous plaît de la conduire, s’il vous offre les moyens de l’y contraindre, ne me donne-t-il pas à moi qui suis marié comme vous, les mêmes droits sur Mlle Giraud ? Il ne s’agit plus d’une jeune fille mineure dépendant de sa famille, mais d’une femme mariée ne dépendant que de moi. Rien ne nous empêche, continuai-je avec animation, de partir ce soir, ou demain pour Paris ; nous descendons à l’hôtel afin de cacher notre arrivée ; nous faisons à la hâte et secrètement les préparatifs d’un long voyage ; nous vendons, s’il le faut, des valeurs, afin de n’être pas arrêtés, en route, par une misérable question d’argent : au besoin nous nous rendons au parquet et nous obtenons une audience du procureur impérial, qui nous donne les moyens légaux d’être obéis de nos femmes. Oh ! monsieur, il ne s’agit plus de faire de la délicatesse et du sentiment. La loi nous protège, servons-nous de la loi ! Les préparatifs sont terminés, toutes les formalités remplies, alors, nous nous serrons la main en nous disant adieu. Deux voitures nous conduisent rue Caumartin ; l’une s’arrête à votre porte, l’autre à la mienne. Nous mon-

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