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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/22

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MA FEMME

sie de me marier, je vous jure bien, madame, de ne pas vous prévenir ; vous m’avez gâté le métier.

Trois mois s’écoulèrent, trois mois pendant lesquels je jurais à qui voulait m’entendre que je mourrais garçon.

Ah ! si j’avais pu tenir un serment ! Mais n’anticipons pas sur les événements qui vont suivre.

Assis sur un fauteuil en fil de fer, je fumais philosophiquement mon cigare aux Champs-Élysées, par une belle soirée de l’été 186…, lorsque trois personnes vinrent s’asseoir à deux pas de moi.

Je jetai nonchalamment un regard distrait sur mes voisins, et je n’eus pas de peine à reconnaître que j’étais en présence d’une honnête famille, composée d’un père à l’air respectable, d’une mère entre deux âges et d’une jeune fille de vingt à vingt-deux ans. Occupés seulement à regarder la foule qui défilait devant eux, ils n’avaient pas échangé un mot depuis qu’ils étaient assis, lorsque le père prit la parole pour dire à sa fille :

— Paule, je te conseille de changer de chaise, la tienne est mouillée.

— Non, elle est très-sèche, répondit d’un ton bref celle qu’on appelait Paule.