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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/234

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MA FEMME

filles élevées dans les grandes villes, comme l’a été votre femme, c’est-à-dire en serre chaude, privées de soleil et de grand air, ne doivent jamais être aimées trop ardemment. Si la passion les charme, elle les tue, parce qu’elles n’y ont pas été préparées. Un mari, dans certains cas, doit savoir calmer ses transports et mettre une sourdine à son cœur.

— Suivant vous, fis-je en souriant amèrement, je n’ai pas mis de sourdine au mien.

— La consultation que je viens de donner à votre femme me l’indique suffisamment. Je ne vous en fais pas un crime ; vous péchiez par ignorance ; mais de grâce, vous voici prévenu, ne soyez plus égoïste.

C’était à moi qu’on tenait un pareil langage ! A moi ! J’étais accusé d’avoir manqué de délicatesse à l’égard de ma femme !

Je promis au docteur de n’être plus égoïste. Que pouvais-je dire ? Il ne me convenait pas d’étaler devant lui toutes mes misères.

— Au moins, ajoutai-je, me promettez-vous de guérir votre nouvelle cliente ?

— Je l’espère, si la cause du mal disparaît. Mais ne l’oubliez pas, l’état est grave, et peut entraîner des acci-