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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/233

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MADEMOISELLE GIRAUD

— Oui, vous. Me permettez-vous quelques questions quoique vous ne soyez pas malade ?

— Faites, docteur.

— Quelle existence avez-vous menée dans votre première jeunesse ?

— Une existence des plus laborieuses et des moins dissipées.

— Je m’en doutais. Vous ne viviez pas en petit crevé, suivant l’expression devenue, dit-on, à la mode à Paris, depuis que je l’ai quitté. Vous n’avez pas gaspillé votre santé. Vous vous êtes conservé frais et dispos, puis dans la force de l’âge, vous avez épousé la femme de votre choix, une très-jolie femme, ma foi ! Depuis combien de temps êtes-vous marié ?

— Un an bientôt, répondis-je tristement.

— Je m’en doutais. Vous êtes de jeunes mariés.

Cette conversation commençait à m’agacer.

— Quelle conclusion, demandai-je, tirez-vous de mes réponses, docteur ?

— Oh ! vous me comprenez bien, fit-il ; on est jeune, ardent, amoureux, on ne doute de rien, on ne réfléchit pas que certaines natures féminines ont besoin de soins, de ménagements. Voyez-vous, cher monsieur, les jeunes