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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/239

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MADEMOISELLE GIRAUD

cheval. Aussitôt le petit Arabe, au lieu de prendre la bride, s’assied devant le cheval et se met à lui parler. L’animal, habitué à ces façons de faire, attend patiemment son maître, quelquefois pendant plusieurs heures, en compagnie de son gardien. Lorsque le cavalier revient, le yaouley, toujours assis, lui crie :

— Tu sais bien, toi, monsieur, donne-moi deux sous.

On lui jette ses deux sous et il est ravi ; il a gagné sa journée.

Paule donnait-elle souvent deux sous à Ben-Kader ou avait-elle eu le talent de faire sa conquête ? Ce qui est positif, c’est qu’il lui obéissait bien mieux qu’à moi et qu’il paraissait lui être tout dévoué.

Après le dîner, j’allais d’ordinaire passer une demi-heure au café Soubiran, puis je rejoignais ma femme dans le salon qui séparait nos deux chambres. Pendant qu’elle s’occupait d’un travail de broderie, je lui lisais quelque bon livre dont je m’étais muni à son intention. La soirée s’écoulait ainsi, et à dix heures nous étions rentrés dans nos chambres respectives. Cette vie active tout le jour, intelligente le soir, dégagée de soucis, avait une heureuse influence sur la santé de Paule : ses forces renaissaient,