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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/240

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MA FEMME

ses couleurs lui revenaient peu à peu, elle reprenait l’embonpoint que je lui avais autrefois connu.

Au point de vue moral, elle semblait aussi en progrès. Je m’étais promis par délicatesse, vous le savez, de ne jamais lui adresser de reproches au sujet de sa conduite envers moi et de ne point revenir sur le passé, mais, durant nos lectures, il arrivait qu’une ligne, un mot, nous rappelaient notre situation respective et semblaient y faire allusion. Alors, Paule, qui autrefois ne se serait pas troublée, rougissait et baissait la tête.

Un jour même, elle ne craignit pas de hasarder certaines réflexions que je ne saurais passer sous silence. Nous lisions les premières pages d’un roman où l’auteur après avoir raconté l’enfance de son héroïne, allait nous entretenir de sa jeunesse et de l’éducation qu’on se disposait à lui donner.

— Pourvu qu’on ne la mette pas au couvent ! s’écria tout à coup Paule.

Cette réflexion m’arrêta court dans ma lecture et je dis :

— Vous croyez le couvent dangereux pour une jeune fille ?

— Il peut l’être, répondit-elle.