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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/24

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MA FEMME

me raisonner, j’ai beau lutter contre mes souvenirs, je l’évoque malgré moi et elle apparaît aussitôt.

Elle s’avance indolente et souple, voluptueuse dans ses moindres mouvements.

Malgré sa grande jeunesse, sa poitrine est amoureusement développée, et ses hanches, accusées comme celles d’une Espagnole, font ressortir davantage une taille élégante et fine. Ses pieds cambrés, nerveux, coquettement chaussés de bottines à talon, effleurent le sol. Elle s’approche et déjà tout mon être tressaille. D’âcres et de mystérieux parfums s’échappent d’elle, et m’enivrent. Avant qu’elle ait parlé j’ai déjà entendu sa voix vibrante, accentuée, presque masculine. Elle se penche vers moi, et je la contemple.

Que de volupté dans ses grands yeux noirs à moitié voilés par de longs cils et entourés d’un cercle bleuâtre ! Que de sensualité sur ses lèvres rouges, un peu épaisses, pour ainsi dire roulées sur elles-mêmes et recouvertes d’un irritant duvet !