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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/242

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MA FEMME

et celles qui flottent entre quinze et dix-sept. Voilà comment on les classe habituellement, et c’est absurde : à treize ans, certaines jeunes filles sont moralement des grandes, et bien des jeunes filles de dix-sept ans mériteraient d’être encore parmi les petites. On fait un classement matériel, classique pour ainsi dire, lorsque la prudence exigerait un classement moral. Qu’arrive-t-il ? Les innocentes se trouvent en contact continuel avec celles qui ne le sont plus et perdent bientôt leur candeur et leur virginité d’âme. Dans une petite pension, la directrice et les sous-maîtresses vivent avec leurs élèves de la vie de famille, elles causent avec elles, reçoivent leurs confidences, connaissent leurs défauts et peuvent éloigner du troupeau les brebis dangereuses ; si ce sont d’honnêtes femmes, elles exercent une heureuse influence sur tous ces jeunes cœurs. Au couvent, les religieuses sont animées, sans doute, d’excellentes intentions, mais leur influence se dissémine trop, pour pouvoir s’exercer utilement ; elles donnent des leçons aux enfants, elles ne leur donnent pas de conseils ; puis, elles sont, en général, de trop saintes femmes pour faire de bonnes institutrices : elles ne connaissent pas le mal, elles se refusent à y croire, elles