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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/244

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MA FEMME

la coquetterie seulement, une sorte de coquetterie instinctive chez la femme) ; il est pur de toute souillure, grâce à l’éducation maternelle qu’on a reçue jusque-là. Tout à coup on entre en pension. Le froid vous saisit, un sentiment de solitude vous envahit, on se croit perdue au milieu de toutes ces étrangères qui vous dévisagent sans vous adresser la parole ; à la récréation, on court se cacher dans un coin, pour songer à la petite chambre où l’on était si bien, à la maison où l’on vient de passer tant de jours heureux, à tous les hôtes qui l’habitaient. « Oh ! comme ma mère doit être triste, se dit-on. Je suis sûre qu’elle pleure en ce moment, » et l’on pleure soi-même au souvenir des larmes qu’elle a versées, tout à l’heure, en s’arrachant de vos bras.

Lorsqu’on relève la tête, on s’aperçoit qu’on n’est plus seule sur le banc où l’on s’était réfugiée. Une jeune fille à peu près de votre âge est assise à vos côtés ; elle vous prend une main, que vous lui abandonnez, et vous dit : « Ne pleurez donc pas, vous ne serez pas malheureuse ici, on s’amuse quelquefois, vous verrez. D’où venez-vous ? Avez-vous été déjà en pension ? » On répond, trop heureuse d’avoir quelqu’un avec qui causer, et échanger des confidences.