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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/245

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MADEMOISELLE GIRAUD

Peu à peu, on se lie, et on arrive à aimer de toute son âme celle qui la première vous a témoigné un peu de sympathie, lorsque toutes vous traitaient encore en étrangère. Il est si facile de faire le conquête d’un cœur de quatorze ans ; il se livre avec tant d’abandon et il est si joyeux de se livrer. Oh ! si c’était un homme qui vous disait : « Quelle jolie taille vous avez ! j’adore vos yeux, vos mains sont charmantes, laissez-moi les admirer ! » d’instinct on rougirait, on se sauverait bien vite pour ne pas entendre de tels propos. Mais c’est une femme qui parle, une jeune fille comme vous, on l’écoute sans se troubler, souvent avec plaisir, et on lui rend des compliments en échange des siens.

De compliments en compliments et de confidences en confidences, votre compagne prend de l’influence sur votre esprit ; elle est au couvent depuis plusieurs années, vous y êtes seulement depuis un mois ou deux ; elle en connaît tous les détours et elle vous les fait connaître ; elle est en même temps plus faite, plus formée, plus expérimentée que vous ; elle met son expérience à votre service, et comme vous êtes à un âge où l’on ne demande qu’à s’instruire, vous écoutez.

Bientôt ce n’est plus seulement de l’affection que vous