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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/43

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MADEMOISELLE GIRAUD

voulez-vous me permettre de vous regarder ? Grâce à ma myopie, je crois que je ne vous connais pas beaucoup. Vous m’avez autrefois fait la cour, mais je vous avouerai que je vous ai évincé de confiance par parti pris, ce qui ne peut être blessant pour vous. Aujourd’hui, il s’agit du bonheur de mon amie, je n’ai plus le droit de me montrer aussi indifférente.

Et sans se préoccuper de mon consentement, la comtesse s’arma de son lorgnon, s’approcha de moi et passa l’inspection de mon visage.

— Les traits sont fins, distingués, dit-elle au bout d’un instant ; vous êtes ce qu’on est convenu d’appeler un joli garçon.

Comme je croyais devoir m’incliner en riant pour la remercier, elle continua en ces termes :

— Après avoir rendu suffisamment justice à vos perfections physiques, je dois ajouter que vous êtes de ces hommes mis au monde pour être aimés bien tranquillement, bien sagement, par une bonne petite femme, mais qui doivent renoncer à inspirer une véritable passion. Les femmes ne s’éprennent violemment que d’hommes d’une laideur notoire ou d’une beauté accentuée et énergique. Mirabeau ou Danton, tels sont les types préférés.