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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/45

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MADEMOISELLE GIRAUD

— Je n’en ai pas eu le temps, madame ; je suis tout de suite entré à l’École polytechnique.

— Très-bien ! mais lorsque vous en êtes sorti ?

— J’ai passé à l’École des ponts et chaussées.

— De mieux en mieux. Et après ?

— Je suis resté deux ans en province à construire un tunnel.

— C’était très-sage. Et le tunnel construit ?

— Je suis parti pour l’Égypte, où j’ai vécu dix ans, occupé à creuser des canaux et à tracer des chemins de fer.

— Alors, votre existence a été celle d’un anachorète.

— À peu près, madame.

— Gardez-vous d’en rougir. Les anachorètes ont du bon.

Le sourire moqueur qui, depuis un instant, se dessinait sur les lèvres de la comtesse disparut ; elle devint sérieuse et me dit :

— De l’examen de conscience que je vous ai fait subir, mon cher monsieur, et auquel vous vous êtes prêté de si bonne grâce, je tire les conclusions suivantes, comme dit mon avoué : Vous êtes un bon jeune homme, un honnête garçon et vous méritez d’être heureux. Je vous renou-