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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/51

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MADEMOISELLE GIRAUD

entr’acte et de lui parler de celle qui commençait déjà à avoir un si grand empire sur moi.

Je tombais mal, car il ne tarit pas en éloges sur le compte de Mlle Paule, qu’il avait vue naître et grandir. Elle était, suivant lui, charmante, adorable ; elle avait toutes les perfections ; bien heureux celui qui l’épouserait, elle ferait une femme accomplie.

M. d’Arnoux, tel était le nom de cet enthousiaste, croyait de bonne foi, j’en suis persuadé, tout ce qu’il me disait. Il était, du reste, l’écho de l’opinion publique. Grâce à nos mœurs, on est obligé de juger les jeunes filles sur les apparences, et elles sont, d’ordinaire, favorables. Une seule personne, et encore, peut éclairer sur leur compte : c’est leur amie intime. J’avais été assez heureux pour connaître celle de Mlle Giraud ; elle avait bien voulu me donner d’excellents conseils, et je ne les suivais pas. Je méritais mon sort.

M. d’Arnoux ne tarda pas à s’apercevoir de l’attention que je prêtais à ses discours, il en devina la cause, m’interrogea sur mes projets d’avenir, et comme il avait peut être pour moi autant d’indulgence que pour Mlle Paule, il voulut bien me proposer de me présenter à sa famille. Je commis l’imprudence d’accepter. « Je veux juger par