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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/8

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MA FEMME

à entendre des propos obscènes et à être victimes de cyniques brutalités, où la cohue n’avait pas remplacé la foule, où l’esprit n’avait pas encore fait place à l’engueulement, triste expression, hélas ! consacrée.

Aux côtés du maître de la maison, un esprit fin et délicat, trop délicat peut-être pour notre temps, un veritable gentilhomme de lettres, qui porte, en littérature, la peine de sa distinction native, de son culte pour le dix-huitième siècle, un portrait de la Tour, égaré parmi les toiles de notre époque réaliste, se pressaient plusieurs sommités politiques, mondaines et artistiques.

Les femmes étaient en minorité dans cette réunion, et il eût été difficile de dire à quelle classe de la société elles appartenaient.

Peut-être tous les mondes parisiens avaient-ils envoyé là leurs plus séduisantes ambassadrices : si le nom de quelque honnête femme mariée, de quelque grande dame, se murmurait à l’oreille, il arrivait aussi qu’une demi mondaine à la mode ou une actrice en vogue trahissait son incognito. Au bout de la galerie, à droite, assises devant une table élégamment servie, on se montrait trois femmes de théâtre, célèbres par leur beauté.

L’une qui s’apprêtait à jouer bientôt, sur une de nos