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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/83

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MADEMOISELLE GIRAUD

Cet état maladif ne pouvait durer : puisqu’on paraissait décidé à ne pas aller au-devant de mes désirs, je me décidai à les formuler.

— Déjà ! fit-elle en souriant.

Ah ! dans les dispositions où je me trouvais, je crois qu’un peu plus je l’aurais étranglée pour ce mot-là. Déjà ! mais elle ne comprenait donc rien, cette femme ? elle n’avait ni cœur ni sens ! J’avais cru épouser un être animé, et je m’étais mésallié à une statue.

Je me contins et j’essayai de l’attendrir. Je lui peignis avec éloquence l’amour qu’elle m’avait mis au cœur, je lui dis mes souffrances morales, le malaise physique qui s’était emparé de moi, et dont elle était cause ; je la suppliai de me prendre en pitié, car j’étais à bout de force.

Elle m’écouta attentivement et parut émue de ce qu’elle entendit ; mais quand je la suppliai de répondre elle garda le silence.

Ah ! mon cher ami, il y a des silences qui font terriblement souffrir !

— Parlez donc, criai-je, parlez, dites ce que vous voudrez, mais parlez, je vous en conjure.

— Je n’ai rien à dire, répondit-elle.

— Expliquez-moi vos résistances, vos hésitations. Je