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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/84

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MA FEMME

m’engage à trouver bonnes toutes vos raisons, mais donnez-m’en une seule, une seule, de grâce !

Elle ne répondit pas.

Alors, furieux, je quittai brusquement le canapé où j’étais assis auprès d’elle et j’allai chercher mon chapeau pour sortir. J’étais tellement exaspéré de ce silence obstiné, tout mon système nerveux était dans une telle irritation, que je craignais de me porter vis-à-vis d’elle à quelque extrémité.

Oui, une parole trop vive est si vite prononcée, un geste trop brusque vous échappe si facilement, et les femmes savent tirer parti, avec tant d’adresse, de ces vivacités ! Elles ne se disent pas qu’elles en sont cause, qu’elles vous ont poussé à bout, qu’elles ont eu les premiers torts. Elles oublient à dessein, et les paroles aigres qui nous ont froissés, et leurs réticences calculées, et les mille épingles qu’elles nous ont enfoncées dans le cœur ; elles ne se souviennent que des derniers mois qui se sont échappés de notre bouche, du geste trop significatif que nous nous sommes permis, et elles s’en font une arme terrible contre nous.

— Vous êtes un brutal ! s’écrient-elles. Tout est fini. entre vous et moi !