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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/85

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MADEMOISELLE GIRAUD

Je ne voulus pas m’exposer, vous le comprenez, à ce que ma femme pût me dire « Tout est fini, » lorsque rien n’était commencé, et je m’éloignai dans la crainte de ne pouvoir me contenir plus longtemps. Mais, après avoir fait quelques pas vers la porte, je revins tout à coup.

— Écoutez, repris-je, vous ne voulez pas répondre à mes questions de tout à l’heure, soit ! N’en parlons plus, Je ne vous demande plus qu’une chose, c’est de me dire à quel moment cessera l’épreuve que vous me faites subir, et je vous jure sur l’honneur d’attendre ce moment sans me plaindre, quelque reculé qu’il puisse être. Mais fixez-moi une date, ne me laissez pas ainsi en suspens ; l’incertitude dans laquelle je vis m’irrite, me tue ! Ayez pitié de moi, je ne vous ai jamais fait de mal, je vous aime, je vous désire ardemment ! Est-ce un tort à vos yeux ? Est-ce un crime dont je doive être puni ? Voyons, soyez bonne, laissez-vous attendrir par mes prières, par mes larmes, oui, par mes larmes. Tenez, je pleure, c’est plus fort que moi, je souffre tant !

Alors, sur le point de se laisser émouvoir peut-être, elle éloigna doucement mes mains qui essayaient de l’enlacer, elle se leva et, me clouant à ma place par un