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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/87

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MADEMOISELLE GIRAUD

depuis deux jours. J’acceptai, mais arrivé à la porte de la comtesse, je prétextai une subite migraine qui m’obligeait à prendre l’air, et je laissai ma femme monter seule chez son amie, en promettant de venir la rechercher.

À peine l’eus-je quittée que je regagnai précipitamment mon appartement ; j’entrai dans la chambre de Paule, j’enlevai l’une après l’autre toutes les vis de l’odieux verrou à l’aide d’un instrument que je m’étais procuré dans la journée ; je brisai la pointe de chacune de ces vis et j’en conservai les têtes que je replaçai dans leurs trous primitifs, après les avoir assujetties d’une façon factice.

Paule ne pouvait s’apercevoir de mon stratagème ; le verrou était encore assez solide pour être poussé intérieurement, mais les têtes des vis, qui n’étaient plus retenues par leurs chevilles habituelles, devaient tomber à la moindre pression extérieure faite contre la porte.

Lorsqu’une heure après je rejoignis ma femme, je la trouvai dans le boudoir de la comtesse, à demi étendue sur un divan aux côtés de son amie.

Quoique mon arrivée fût prévue, je crus m’apercevoir qu’elle gênait ces dames. J’ai pensé depuis qu’elles étaient en train d’échanger des confidences ; les yeux de