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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/88

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MA FEMME

Paule étaient humides et fatigués comme si elle avait pleuré, et je remarquai plus d’animation dans les traits de la comtesse.

En reconduisant ma femme, et dans notre salon, avant de prendre congé d’elle, je vous laisse à penser si je renouvelai mes prières des jours précédents. J’aurais été si heureux de ne pas être obligé de recourir à des moyens extrêmes, et de lui laisser toujours ignorer le petit travail de serrurerie auquel je venais de me livrer !

Elle fut plus froide, plus sèche, plus décourageante que jamais.

Si elle avait su m’adresser une bonne parole, me regarder avec un peu de tendresse, me faire pour un avenir, même lointain, une promesse tacite, j’aurais certainement renoncé à mes desseins.

Rien : pas un mot, pas un geste, pas un regard. Elle semblait, ce soir-là, ne pas même s’apercevoir que je lui parlais, ne pas se douter que j’existais ; jamais je ne l’a vais vue aussi rêveuse, aussi détachée de moi.

Je n’avais pas à hésiter. Je lui dis adieu ; elle se retira dans sa chambre. Je laissai une heure s’écouler pour qu’elle eût le temps de se déshabiller et de s’endormir.