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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/93

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MADEMOISELLE GIRAUD

complir. Vos forces s’useront contre ma volonté et vous vous épuiserez dans une lutte inutile.

Pendant qu’elle me parlait avec cette dureté, et que chacune de ses paroles me frappait au cœur, le croiriez-vous, mon cher ami, je ne pouvais m’empêcher de la regarder et de l’admirer.

Ses longs cheveux s’étaient dénoués et retombaient épars sur ses épaules, je voyais sa poitrine palpiter sous le corsage qui la couvrait à peine ; ses yeux avaient des ardeurs que je ne leur connaissais pas, et à travers ses lèvres plus colorées, plus sensuelles que jamais, apparaissaient des dents charmantes que la colère faisait s’entrechoquer.

— Ah ! que tu es belle ! m’écriai-je.

Et, oubliant tout ce qu’elle venait de me dire, réunissant ses deux mains dans ma main gauche et les tenant serrées, j’essayai de la main droite d’approcher sa tête de mes lèvres.

Elle lutta avec tant d’énergie, et déploya tant de force pour se soustraire à mon étreinte, qu’elle s’échappa bientôt de mes bras et qué j’allai retomber, brisé, sur le fauteuil où elle fait précédemment assise.