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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/94

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MA FEMME

Alors, insultant à ma défaite, elle se croisa les bras et me dit :

— Croyez-vous encore venir à bout de moi par la violence ?

— Vous me haïssez donc ! m’écriai-je éperdu et des larmes dans les yeux.

Ainsi qu’il arrive dans la plupart des crises nerveuses, l’attendrissement succédait à la colère.

Cette étrange fille, touchée peut-être par ma douleur, attendrie sans doute comme je l’étais à la suite de la lutte qu’elle venait de soutenir, prit un des coussins de sa chambre, l’approcha de mon fauteuil, s’assit et me dit :

— Non, je ne vous hais pas.

Je la regardai ; ses yeux n’avaient plus leur expression habituelle, ils étaient tendres et bons.

— Alors, lui demandai-je, si vous ne me haïssez pas, pourquoi me faites-vous souffrir ainsi !

— Ne m’interrogez pas à ce sujet, me dit-elle avec douceur, je vous assure que je ne puis vous répondre. Mais, je vous le jure, loin de vous haïr, j’ai pour vous une véritable affection, j’apprécie toutes vos qualités, j’ai été sensible à toutes vos prévenances, et pour être franche, je vous avouerai que je ne vous en veux déjà