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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/99

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MADEMOISELLE GIRAUD

entourer de prévenances et de soins. Enfin, je serai pour vous la meilleure des sœurs.

Je réfléchis longtemps en silence à tout ce qu’elle venait de dire, j’essayai d’envisager froidement la situation qu’on voulait me faire et d’y prendre goût. Mais tout à coup mon sang se mit à bouillonner, ma chair se révolta, et, me levant, je m’écriai :

— Non, je n’accepte pas le marché que vous me proposez. Je vous aime avec passion, avec délire, et je ne puis pas consentir à vivre à vos côtés comme un frère. Je vous ai épousée pour que vous soyez ma femme, il faut que vous la soyez.

— Ah ! répliqua-t-elle, on m’avait bien dit que tous les hommes étaient égoïstes et matériels. Vous ne valez pas mieux que les autres. Eh bien ! je vous le répète, acceptez ou n’acceptez pas ce que je vous propose, je n’en serai pas davantage à vous. J’ai dit, et je vous prie maintenant de me laisser ; j’ai besoin de repos, je suis brisée, et si vous avez des prétentions à être un mari, du moins j’imagine, vous ne voudrez pas être un tyran.