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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/98

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MA FEMME

une enfant qui ne connaît rien à la vie ; avec cette fatuité particulière à tous les hommes, vous ne doutez pas de vous faire aimer et vous m’épousez. Voyons ! je m’en rapporte à vous, est-ce ma faute, et pouvez-vous me reprocher ce qui vous arrive ?

— Alors, répliquai-je au bout d’un instant de silence, pour vous avoir aimée au point d’être sourd à tous les avertissements, me voici condamné à perpétuité au plus affreux des supplices ; celui de Tantale.

Elle me prit une main que je n’eus pas le courage de lui retirer et elle me dit :

— Ce supplice ne sera pas aussi pénible que vous croyez. Je saurai l’adoucir à force de dévouement et de bonne tendresse. Si je ne vous aime pas, comme vous désirez l’être, du moins, je n’aimerai jamais personne, je vous en fais le serment, car vous êtes le seul homme qui auriez pu me plaire. Vous n’aurez jamais à me reprocher aucune coquetterie vis-à-vis de vous, ni avec ceux de vos amis que vous pourrez me faire connaître. Ma vie se passera, si vous le désirez, entre ma mère, vous et Mme de Blangy. Le monde pourra vous croire le mari le plus heureux et le plus aimé, tant on me verra vous