Page:Beltjens - Le condor captif, Aurore, 1885.djvu/18

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Ramène tout au calme et fait cesser la lutte.

Au tumulte succède un doux decrescendo
Qui laisse la parole au moindre filet d’eau.
De cent joyeux discours enjolivant son thème,
Le frais ruisseau vient dire à sa rive : Je t’aime !
Pendant que sous l’azur, parmi les verts sillons,
Le gai soleil badine avec les papillons ;
On dirait un entr’acte. En suaves murmures,
L’air timide ose à peine effleurer les ramures.
Entendez-vous monter ces légers cliquetis ?
Abeilles, moucherons, c’est le chœur des petits,
Musiciens furtifs que sous l’herbe on devine.
Le silence qui dort au fond de la ravine
Se réveille charmé de leur chuchotement ;
L’orchestre se repose, et la brise gaiement,
D’un voile de parfums couvrant le paysage,
Vient du maître en sueur essuyer le visage.

Maintenant, écoutez !
Rossignol, chantre exquis,
Toi qu’Orphée, empereur, ferait au moins marquis,
Toi qui sais, doux rêveur, quand ta voix charmeresse
D’un poème d’amour enivre ta maîtresse,
Tenir toute une nuit de la belle saison
Le clair de lune assis sur un banc de gazon,
Et faire, au balcon d’or où l’ombre étend ses toiles,
Venir, pour t’écouter, se pencher les étoiles,
Mais qui ne sais pas moins, dès que le jour paraît,
Garçon spirituel, aux sots de la forêt,