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Page:Beltjens - Midi, 1885.djvu/10

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Carrousel infernal ! chocs terribles, carnage !
Comme un boucher à l’œuvre essuyant son étal,
L’ouvrière sans yeux, halète, tout en nage,
Et, flairant la chair fraîche, attend le coup fatal.

Rien ne va plus ! — Mêlée, aux étreintes féroces,
Voici ton tour ! Hourra, cavaliers, fantassins !
Pied contre pied, dehors les sabres, haut les crosses,
Et les yeux dans les yeux, tels que des assassins !

Écoutez, regardez ! Comme deux mers sauvages,
Sur qui deux ouragans hurlent échevelés,
À l’étroit dans l’abîme, aux roches des rivages
Brisent en mugissant leurs flots amoncelés,

Les deux camps l’un dans l’autre avec de sourds murmures
Enroulent le massacre en puissants tourbillons ;
L’acier brise l’acier ; tout le long des armures
Le sang coule en ruisseaux, la chair vole en haillons ;

Noir linceul, la fumée enveloppe l’arène,
Bouillonnante fournaise en proie à deux volcans ;
La victoire qui tient la palme souveraine
Hésite et plane encore au-dessus des deux camps.

Tout à coup l’un des deux plie et croule en arrière ;
Sauve qui peut ! — Sus aux fuyards ! — Point de merci !
La vengeance le veut, et, brisant sa barrière,
Bondit comme un enfer, d’un autre enfer grossi.