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Page:Beltjens - Midi, 1885.djvu/9

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iii


Plus loin, c’est la Bataille, horrible, folle, immense,
Qui dès l’aube mugit, rouge de sang humain,
Heurtant dans les éclairs deux peuples en démence
Dont la moitié sera chair à corbeaux demain.

La Géante aux cent bras, fille des Briarées,
Tournant sa double meule aux sinistres parois,
Emporte en tourbillons, les faces effarées,
Cent mille combattants, sombre enjeu de deux rois.

Au centre du duel sa roue affreuse roule,
Invisible aux regards des lutteurs furieux ;
À chacun de ses tours un mur d’hommes s’écroule,
Butin de la meunière au front mystérieux.

La Mort, comme un croupier, autour d’elle chemine,
Raflant avec sa faulx les funèbres épis,
Bataillons, escadrons, que le canon fulmine,
De leurs tronçons sanglants jonchant le vert tapis.

Pour orchestre, les feux tonnants des batteries,
Gorgones vomissant l’horreur dans tous les rangs,
Les clairons, les tambours et les mousqueteries,
Et les cris des blessés sur les corps des mourants.