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Sur l’océan pareil au cheval qui se cabre,
Et prend le mors aux dents sous l’éperon d’acier,
Il accourt, le voici, le cavalier macabre
Qu’a vu Jean de Pathmos, le divin justicier !

Où vous cacherez-vous, conquérants, chasseurs d’hommes,
Quand l’archange fera sonner son grand clairon,
Et lorsque vous verrez vos Tyrs et vos Sodomes
Crouler comme des nids qu’abat le bûcheron ?

Car cet arrêt figure au livre indélébile ;
Après tant de forfaits monstrueux entassés,
Ainsi que l’ont prédit David et la Sibylle,
Le Juge appellera vivants et trépassés.

Vers les bleus paradis, avec des chants de gloire
Les martyrs monteront, revêtus de clartés ;
Les méchants, dans la nuit inexorable et noire,
Descendront sous le poids de leurs iniquités.

Et la Mort dans un coin de l’espace accroupie,
Avec d’affreux éclats de rire triomphant,
Verra rouler la Terre ainsi qu’une toupie,
Qui tournoie et bondit sous le fouet d’un enfant.

Et toi-même, ô Soleil, sultan de l’empyrée,
Toi qui luis sur nos fronts si superbe et si beau,
Déjà le temps, jaloux de ta gloire azurée,
Dans l’abîme inconnu te prépare un tombeau !