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Ils sèment le froment : ils récoltent l’ivraie ;
La ronce avant tout autre aimera leur gazon ;
Leur joyeux colombier sert d’asile à l’orfraie,
Et la foudre en tombant choisira leur maison.

Dans leur triste verger qu’un espoir vienne à naître,
Le tronc pourrit avant que le fruit ne soit mûr ;
Pour voir mourir la treille au bord de leur fenêtre,
Il suffit que leur ombre ait passé sur le mur !

La Trahison qu’enfante une lutte civile
Viendra de préférence habiter leurs paliers ;
La Peste qui voyage, en entrant dans la ville,
À leur seuil tout d’abord essuyera ses souliers

Leur esprit du condor eût atteint l’envergure :
Ils auront pour consorts les hiboux odieux,
Et seront déclarés funestes par l’augure,
Eux, les frères de l’aigle et du ciel radieux !

Comme un mancenillier qui fascine et qui tue,
L’Amour épand la mort sur leurs songes d’amants :
Pygmalions maudits, la chair devient statue
Sous leurs baisers de flamme et leurs embrassements !