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Ces infinis peuplés d’ineffables histoires,
Que même un séraphin aurait peur d’explorer :
Radieux paradis, noirs enfers, purgatoires, —
Est-ce là ce néant que tu viens implorer ?

Le néant ! mot stupide, horreur de la pensée,
Rugissement d’un fou qui ne sait ce qu’il dit ;
Vain blasphème qui sort de la bouche insensée
D’un aveugle niant le jour en plein midi !

En présence des cieux, réponds, peux-tu le dire,
Peux-tu le concevoir : que le fer, le poison,
L’éclair d’un pistolet suffirait pour détruire
Ton moi, ta volonté, ton âme, ta raison ?

T’imagines-tu donc que la personne humaine
Ne soit rien qu’un produit de la chair et du sang,
Un flambeau passager, un fuyant phénomène,
Pareil au flot des mers qui monte et qui descend

Crois-tu pouvoir l’éteindre ainsi que la bougie
Qu’à la pâle clarté du jour qui le confond,
Le libertin blasé souffle après son orgie,
Quand il jette son masque et son verre au plafond !